13 - Treize by Pieter Aspe

13 - Treize by Pieter Aspe

Auteur:Pieter Aspe [Aspe]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Albin Michel
Publié: 2014-06-14T16:00:00+00:00


Ce n’était pas souvent que des étrangers pénétraient au Harbour Inn, et on ne pouvait jamais prédire la réaction de Nanette. Des légendes hilarantes circulaient sur la manière dont elle avait accueilli certaines personnes. Elles n’auraient pas détonné dans la série L’Hôtel en folie de John Cleese, des Monty Python, ce qui en disait long.

« Messieurs, bonjour. »

Le petit a l’air un peu mollasson, mais le grand moustachu n’est pas mal, pensa-t-elle.

« Une Duvel et un Perrier », commanda Van In.

Les deux flics allèrent s’asseoir au bar. Édith Piaf chantait : « Non, rien de rien, non, je ne regrette rien… » Van In regarda autour de lui. Deux femmes étaient assises à sa droite, une blonde et une aux traits virils. Il y avait un petit coin salon, avec la télé, près de la porte des toilettes. Un homme d’environ trente-cinq ans tapait comme un fou sur les touches du clavier de son ordinateur portable. La mine have, sale et négligé, il avait tout de l’artiste raté. Van In remarqua un pull en laine négligemment posé sur un tabouret du bar. Il entendit un bruit de chasse d’eau. Quinze secondes plus tard, la porte des toilettes s’ouvrait sur une femme mince en talons. Elle marcha jusqu’au tabouret où était posé le pull et prit place en souriant à Van In.

« Je me demande si c’est quelqu’un de Blankenberge, dit la patronne en servant un sherry à la femme.

– En tout cas, j’espère que ce n’est pas Lieven. »

Van In plongea le nez dans la mousse de sa Duvel. Il s’essuya à la hâte.

« Vous avez dit Lieven, madame ?

– C’est le nom de mon mari, répondit Anja. Mais je ne dois pas trop me faire de souci pour lui. La voile, c’est sa seconde nature. Ce ne serait vraiment pas son genre de couler en sortant du port. »

Van In empoigna sa Duvel et alla s’installer à côté de la femme.

« Vous êtes madame Van der Weyden ? »

Elle battit des paupières et le regarda d’un air étonné.

« Comment le savez-vous ? »

Van In porta son verre à ses lèvres et but une grande gorgée. Je rêve ! Ce n’est pas possible ! se dit-il.

« Qu’est-ce qui se passe ? demanda-t-elle. Vous êtes tout pâle. »

On le serait à moins, pensa Versavel avant de se lever et de déclarer d’un air grave :

« Mon nom est Guido Versavel, inspecteur, et voici le commissaire Van In. Police de Bruges, madame.

– Vous êtes là pour l’accident ? demanda Nanette avec curiosité.

– Nous ne croyons pas à la thèse de l’accident », répondit Versavel.

Pipo éteignit son ordinateur portable, et les petites Belga tendirent l’oreille. Si ce n’était pas un accident, qu’était-ce ? Un meurtre ?!

« Que voulez-vous dire ? » dit Anja, feignant l’incrédulité.

Elle passait rapidement en revue les principaux éléments du plan. L’heure de vérité avait sonné.

« Il s’agit du Nautilus, madame. »

Anja avait regardé de nombreux films pour observer la réaction de femmes meurtrières à l’annonce de la mort de leur mari.



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